Chers amies et amis de la Transatlas, voici les premières nouvelles de ce nouveau voyage.

8 mai 2024 - De la gare de Jambes à  Zaventem

Une première pour moi : suivant le conseil de notre voisin Gilbert, je me rends à Zaventem par le train direct.  Gentiment aidé par Danielle et ma fille Iraci, je prends place dans le wagon-vélos avec la caisse contenant le « Da Silva » et le bagage tous deux limités à 23 k.

A l'enregistrement du vélo, celui-ci pèse 24,8 kg. Deux employés d'Air Maroc discutent entre eux ... et ne me réclament pas de supplément.  Mon voyage au pays des "gens gentils" commence bien !

Mais ... attendons !

Un premier vol m'emmène à Casablanca. Une escale de deux heures et avec le second vol, je débarque à Ouarzazate en pleine nuit. Un taxi m'attend pour m'emmener chez "Tini Joseph" à deux pas de l'aéroport.

Pas de vélo!

Pour la première fois en 15 ans de voyages vers les Amériques, l'Asie et l'Afrique, le vélo bien emballé dans sa caisse en carton, n'est pas là à l'arrivée. Déclaration faite à deux heures de la nuit auprès d'une employée un peu endormie, en lutte avec une imprimante récalcitrante, je repars avec mon gentil taximan qui m'a patiemment attendu.

Une première journée d'attente

Bien accueilli par le gérant de l'hôtel "Tini Joseph" qui se prénomme Ahmad, je me réveille en pensant d'abord à mon compagnon - fidèle monture - qui ne m'a jamais fait faux bon !  Bien aidé par Ahmad très empathique, nous partons a la recherche de bonbonnes de gaz, absolument indispensables à un randonneur mais interdites dans les soutes à bagages tout comme les pneumatiques gonflés.  Au retour, Ahmad propose lui-même de téléphoner deux et même trois fois au numéro que l'on m'a donné pour aller à la chasse aux renseignements. Sans succès, l'on me répond qu'il n'y a pas de traces de mon vélo à Casablanca. La personne met même en doute qu'il ait été vraiment embarqué à Zaventem !!! Impossible : j'y étais trois heures avant le décollage et je l'ai vu partir avec les bagages "hors dimension" pour ne pas parler franglais.

Jeudi 9 mai 2024 - 23h

Pour me remettre de ces incertitudes et émotions, après un bon souper marocain, je me couche en me disant que la nuit porte conseil. Demain sera un autre jour. Dans la nuit, je rêve que le vélo réapparaît ...!  Mais bon !

Une seconde, une troisième... journée d'attente !

Par courriel je contacte l'agence Connections de Namur où j'ai acheté le billet à la compagnie Royal Air Maroc.  Les dames très empathiques elles aussi, me répondront par courriel à deux, trois, quatre ... reprises : rien de positif. Rien de "Royal" dans tout cela !

Samedi 11 mai 2024 - 18h10, nouvel appel téléphonique avec une réponse énigmatique: le bagage a été localisé... sans préciser où  !  Une heure plus tard ... la personne répondant nous informe que le vélo se trouve à Casablanca ... ou à Ouarzazate ... ici je doute mais heureusement il n'est pas à Tombouctou ou à Bamako !

Dimanche 12 mai 2024 - 7h30 du matin : Ahmad me propose de nous rendre en voiture à l'aéroport pour poursuivre notre recherche.

Youppie le vélo est arrivé!

Il était déjà là hier samedi matin ... mais il fallait bien 24h pour que la communication passe... nous sommes quand même à 500 mètres de l'aéroport...! Fou de joie, nous revenons chez Ahmad avec la caisse rapidement ouverte. En moins de deux, les bagages sont répartis de part et d'autre du vélo.  Et vers 11 heures, ce dimanche matin, me voilà parti sur ma monture retrouvée vers l'est en tournant le dos à Ouarzazate (le Hollywood marocain de plusieurs réalisateurs, dont je n'ai vu aucune trace) avec l'impression d'y avoir tourné un mauvais film ... qui sera vite oublié.

Car me voilà en route vers la vallée des Roses, où je suis attendu dans un lodge écologique. La suite dans le prochain message.

Notes complémentaires

"Tin Joseph" tel est le nom de l'hôtel ou je suis resté plusieurs nuits en attendant le vélo. Ahmad le gérant qui m'a bien aidé m'a expliqué le sens du mot Ouarzazate. "Ouar" est un mot berbère signifiant "sans" et "Zazate" un mot arabe signifiant "bruit." Ouarzazate serait donc une ville sans bruit ... ce que j'apprécie et surtout apprécierai particulièrement dans mon périple, surtout les nuits suivant un long trajet à vélo !  Ahmad a ouvert cet hôtel en 2019 et l'a appelé Joseph en souvenir de son père qui portait le prénom d'un personnage important de la bible - un fils de Jacob (Youssef en arabe) lui-même petit-fils d'Abraham - vénéré par les trois religions monothéistes: Judaïsme, Christianisme et Islam.

Les Berbères, selon Ahmad sont présents au Maroc depuis des temps immémoriaux, bien avant les Arabes et selon lui - fier d'être Berbère - la majorité des Marocains "portent l'ADN  de cette origine berbère... et non pas arabe même s'ils ont dû assimiler cette langue … et leu religion, l’Islam."  Quant à son père, il parlait correctement le français à l'époque où le Maroc était un protectorat français (1912-1956).  C'est la raison pour laquelle il utilise le terme français pour le nom de l'hôtel, alors qu'il se prénommait "Youssef".

Ouarzazate, ville de garnisons.  Dans chaque quartier, à chaque sortie de la ville, une caserne repérable par les hommes kaki à l'entrée, par le clairon et le tambour qui roule le matin vers 8h. (! No camera, no photos). Bien, mais cela doit représenter un bon pourcentage du budget de l'état marocain !  D'aucuns diraient que cela crée beaucoup d'emplois ! Mais j'ai vu aussi pas mal d'écoles et de centres de formation. Ahmad a un ordinateur Lenovo, la même marque que le mien... "fabriqué au Maroc" dit-il fièrement, lui qui a travaillé dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest (Burkina Faso, Mali, etc.), pays qui de plus en plus "lorgnent" vers Moscou pour un avenir incertain pour eux ... comme pour nous !

Atlassement vôtre , Léon Tillieux